La bonté de Dieu à notre égard

La vie sur la terre ne va pas sans misère ni souffrance – dans le corps ou dans l’âme – qu’il est difficile de supporter : surtout si ces peines et tourments durent et qu’on n’en voit pas l’issue. Douleurs, insomnie, humiliations, complication de la vie quotidienne, déréliction du cœur, rétrécissement de l’horizon de la vie… tout cela menace d’attrister les jours de la maladie, ou de la vieillesse, ou de la solitude.

Et pourtant… Si nous savions le don de Dieu !

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Il y a une vérité qui illumine toutes les épreuves terrestres : lorsque Dieu prive d’un bien (inférieur), c’est qu’il veut donner un bien supérieur. Il ne donne généralement pas ce bien « tout cuit », mais il nous fait participer à son élaboration et à son affermissement, pour que ce bien soit véritablement nôtre.

Ce bien supérieur est propre à chacun des hommes que le Bon Dieu éprouve et cisèle : le Créateur ajuste sa créature graciée à une place particulière dans l’édifice de la Jérusalem céleste ; il prépare ce nom d’éternité que chacun d’entre nous, s’il est fidèle, est appelé à recevoir au Jugement dernier.

Il y a cependant une grâce commune, un noyau essentiel, dans le bien divin que, par un don gratuit de Dieu et notre adhésion à son dessein, nous pouvons acquérir en échange des biens humains dont nous sommes peu ou prou privés.

Cette grâce est la participation à la vie intime de la sainte Trinité, la grâce sanctifiante donc, et une relation particulière à chacune des trois Personnes.

Filiation, charité et gloire

Dieu est notre Père, un Père infiniment aimant et tout-puissant, dont le seul but est la Charité. Toute son œuvre est de répandre la Charité – celle qui « circule » éternellement entre les trois Personnes divines – parmi des créatures qu’il a pour cela douées d’intelligence et de volonté. Il répand cette charité pour faire de nous ses enfants, il la restaure quand nous avons eu le malheur de la perdre, il la rend définitive et béatifiante dans la gloire du Ciel.

Si donc Dieu permet telle ou telle épreuve, c’est toujours dans une intention de charité : pour que nous grandissions dans la charité (éventuellement, pour que nous le recouvrions) ; et pour que nous fassions rejaillir cette charité en faveur de notre prochain — car il faut aimer le prochain avec le cœur de Dieu. Deus Caritas est, dit saint Jean dans sa première Épître (IV, 8). Et le degré de gloire et de béatitude dont nous jouirons dans l’éternité du Ciel correspondra au degré de charité que nous aurons mérité d’obtenir ici-bas.

Expiation et Rédemption

Nous sommes des pécheurs, de pauvres pécheurs qui ont tout perdu par un stupide esprit de révolte, de jouissance et de domination.

Les misères et chagrin de la vie nous sont donnés afin que nous puissions expier, réparer, compenser, rebondir.

Mais cela ne peut avoir lieu que par la vertu de la Croix de Jésus : c’est donc par l’union à son obéissance, à ses souffrances et à son sacrifice que nos épreuves acquièrent une valeur de rédemption. Alors, par la miséricorde de Dieu, notre affliction nous unit au Rédempteur et fulgure dans la Communion des saints.

Pauvreté et lumière intérieure

Tout ce qui n’est pas notre volonté est pour nousla volonté de Dieu. Cette pensée, si vraie, donne une grande leçon de pauvreté, de cette pauvreté en esprit à laquelle est promise la possession du Royaume de Dieu. Notre Créateur nous dépouille petit à petit ou brusquement, au rythme de sa bonté et de notre docilité, de ce qu’il nous a donné d’un seul coup ou petit à petit, au rythme de sa sagesse créatrice. En nous dépouillant ainsi de nous-mêmes, il nous met en possession de son Royaume. Il nous appauvrit des biens de la nature et de la terre, pour nous enrichir des biens célestes. Il fait ainsi de nous un joyau de la couronne de gloire du Fils de Dieu, de la couronne nuptiale dont le Père veut couronner son Fils. Pour édifier cette couronne, le Saint-Esprit plane sur les eaux, comme aux premiers jours de la création, et répand le feu de la charité sur les hommes de bonne volonté.

Ce feu est une douce lumière intérieure qui nous fait contempler dans les secrets de l’amour de Dieu et goûter sa Sagesse qui est au-delà de toute sagesse.

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C’est pourquoi il ne faut pas simplement accepter les épreuves et les souffrances. Il est déjà bien grand et salutaire de le faire ; mais il nous est demandé de les aimer, d’en comprendre la rude beauté, d’entrer ainsi dans le mystère de Dieu qui nous ouvre les secrets que seuls ses amis sont admis à partager.

Prions la très sainte Vierge Marie qu’elle nous obtienne cette grâce de choix, petite sœur de celle que Dieu lui a donnée de la Crèche à la Croix, de sa conception immaculée à son assomption glorieuse.

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