La nouvelle morale

Un des grands combats du Pape Pie XII (1876−1939−1958) fut la lutte contre un très grave gauchissement de la morale catholique – gauchissement qui atteint d’ailleurs tout autant la simple morale naturelle.

Il ne s’agit pas d’un fléchissement sur point particulier de la morale, ni de la difficulté nouvellement surgie d’observer tel commandement de Dieu, ni de l’attaque des ennemis de l’Église contre son enseignement en la matière. Il s’agit de quelque chose de plus fondamental – et de plus pernicieux – qu’on a nommé la nouvelle morale.

La conjonction du désordre de l’esprit induit par la philosophie personnaliste, et du climat délétère qui a baigné et suivi la Libération de 1944-1945, a été fatale pour beaucoup d’esprits trop peu attachés à la doctrine catholique, esprits qui nourrissaient en secret le désir de saisir la première occasion pour se débarrasser du joug trop pesant de la morale chrétienne.

La libération déchaîna l’appétit de liberté à tout prix ; le personnalisme déplaça le centre de gravité de toute l’activité humaine, de telle sorte qu’un prétendu épanouissement de la personne détrôna la primauté du bien commun et l’intention de la fin dernière dans leur rôle d’unificateur et de « bonificateur » de la vie humaine. On en vint donc à placer dans la liberté personnelle le fondement et le sommet de la vie morale, à faire de la conscience libérée le critère ultime du bien et du mal.

De nombreux catholiques ont prêté la main à cette destruction. C’est contre eux tout particulièrement, contre le relativisme moral qu’ils prônaient, que Pie XII a prononcé deux discours mémorables.

En y condamnant la morale de situation et ses satellites, Pie XII a enseigné avec autorité, clarté et compétence les fondements de la morale catholique ; il a en outre vigoureusement rappelé certains points de cette morale, mis en doute ou malmenés par l’armée des modernistes qui piaffaient d’impatience de reparaître à la surface. Ils ne s’en sont pas privés depuis.

On remarquera que Pie XII recommande avec vigueur d’étudier de mettre en œuvre l’enseignement de saint Thomas d’Aquin sur la prudence : cette vertu cardinale a un rôle décisif et irremplaçable pour guider et ordonner l’agir humain, et pour le conduire efficacement dans la voie du bien.

Voici donc le texte du radio-message sur l’éducation de la conscience et le texte de l’allocution sur la morale de situation. Je les ai extraits de l’admirable petit livre Foi catholique et problèmes modernes du Père M. M. Labourdette o. p. (Desclée et Cie, Tournai 1953) qui, en matière dogmatique, donne le texte de l’encyclique Humani Generis et la commente avec beaucoup de clarté ; et, en matière morale, donne le texte des deux discours de Pie XII ci-dessus mentionnés et ci-dessous accessibles, et les commente avec autant de bonheur.

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